L’HALLUX VALGUS

L’hallux valgus est une déformation du premier orteil (hallux) qui se désaxe vers les orteils latéraux, ce qui crée une saillie osseuse du premier métatarsien sur le bord interne de l’avant-pied. Cette « bosse » est responsable de phénomènes douloureux et d’une gêne au chaussage par frottement.

En cas de déformation importante, il peut apparaître une inflammation (bursite) au bord interne du pied et parfois une érosion de la peau.

En s’aggravant progressivement  l’hallux valgus peut déséquilibrer les appuis sur l’avant-pied et provoquer des durillons douloureux à l’appui sous la plante du pied (métatarsalgies) et des déformations en griffe des petits orteils.

L’évolution est en général lente, sur plusieurs années, avec des phases douloureuses. La déformation apparaît parfois à un âge jeune en cas de facteurs constitutionnels familiaux.

QUEL TRAITEMENT PROPOSER SUR UN HALLUX VALGUS ?

L’ABSTENTION THERAPEUTIQUE :

Un hallux valgus peu déformé et non douloureux ne nécessite pas de traitement chirurgical.

LE TRAITEMENT MEDICAL :

Au stade initial, choisir des chaussures plus larges et souples est suffisant pour soulager les douleurs. Dans certains cas la réalisation d’orthèses plantaires (semelles orthopédiques) par un pédicure-podologue ou d’orthoplasties (cales en silicone inter-orteils) peut également être utile. 

Ces techniques ont pour but de soulager les douleurs à la marche et au chaussage mais ne permettent pas de corriger la déformation de l’orteil.

LE TRAITEMENT CHIRURGICAL :

L’intervention chirurgicale est envisagée en fonction des douleurs, de l’importance de la déformation et du retentissement sur le reste du pied.

Le but de l’opération est de réaxer de façon durable le premier orteil et d’obtenir la disparition de la saillie osseuse interne.

Différentes techniques chirurgicales existent qui associent des gestes osseux de réaxation et un rééquilibrage des structures qui entourent l’articulation du premier orteil (capsule articulaire et tendons).

Dans le même temps l’intervention traite la déformation éventuelle des petits orteils et les douleurs par hyper-appui sur la partie latérale du pied.

PRINCIPES DE L’INTERVENTION CHIRURGICALE

Dans la plupart des cas une ostéotomie (section osseuse) est réalisée pour redresser le premier métatarsien et la première phalange à la base du gros orteil. Ces gestes osseux sont réalisés soit par technique conventionnelle par une cicatrice de quelques centimètres sur le bord interne de l’avant-pied soit par technique percutanée par plusieurs petites incisions.

En fonction de la technique utilisée par votre chirurgien, une fixation par de petites vis peut être réalisée pour maintenir la correction obtenue et permettre la consolidation osseuse.

L’intervention a pour but de redresser le premier orteil tout en conservant sa mobilité articulaire. Dans de rares cas, si la déformation est trop importante ou si le cartilage de l’articulation est usé, il peut être nécessaire de bloquer l’articulation du premier orteil (arthrodèse).

LES RISQUES DE LA CHIRURGIE

Avant de prendre la décision d’être opéré(e), vous devez avoir conscience des complications possibles, qui sont citées ici mais vous seront expliquées plus en détail par le chirurgien, qui vous aidera à mettre en balance les risques possibles et les bénéfices attendus de l’intervention.

L’hématome localisé et l’œdème sont des signes post-opératoires habituels qui régressent progressivement.

L’intervention peut entraîner une raideur de l’articulation ou une perte de sensibilité localisée du gros orteil.

Il peut se produire des troubles de la cicatrisation.

La phlébite est rare après ce type d’intervention.

L’infection est également rare mais nécessite une reprise chirurgicale associée à une antibiothérapie pour guérir.

La consolidation osseuse demande habituellement 45 jours. Un défaut de consolidation peut se produire ou un déplacement des segments osseux, pouvant nécessiter une ré-intervention.

Malgré les précautions prises lors de la chirurgie, une récidive de la déformation peut survenir à plus ou moins long terme (hallux valgus) ou un excès de correction (hallux varus).

Une fois consolidé l’avant-pied redevient indolore et permet de marcher et se chausser normalement. Rarement peut survenir une algodystrophie (syndrome douloureux régional) qui entraîne des douleurs chroniques et une raideur.

La consommation tabagique est un facteur de risque majeur favorisant les infections, les défauts de cicatrisation et de consolidation osseuse.  Il est recommandé d’arrêter la consommation du tabac au moins six semaines avant l’intervention.

LES SUITES DE L’INTERVENTION

Le retour à votre domicile s’effectue le jour même si vous êtes opéré(e) en ambulatoire ou 2 jours après l’intervention si vous êtes hospitalisé(e).

Un appui complet est repris immédiatement sur le pied opéré avec des chaussures post-opératoires spécifiques (chaussures de décharge de l’avant-pied) à utiliser pendant 3 à 6 semaines. Des cannes anglaises sont cependant utilisées les premiers jours pour stabiliser l’appui et soulager les douleurs. 

La consolidation de l’intervention nécessite 6 semaines. Un arrêt de travail est prescrit pendant cette période. La reprise du travail dépend de la vitesse de récupération, de la profession exercée et des trajets à effectuer. La reprise de la conduite est possible au bout d’un mois. La reprise des activités physiques est possible vers le troisième mois.

ORGANISATION PRATIQUE : parcours avant et après votre intervention

LA CONSULTATION D’ANESTHESIE PRE-OPERATOIRE : 

Un rendez-vous de consultation avec l’anesthésiste vous est donné.  L’anesthésie est une anesthésie locale de la jambe et du pied, complétée si nécessaire par une sédation légère.

L’anesthésie du pied est maintenue volontairement pendant les 48h suivant l’opération par un cathéter péri-nerveux positionné au niveau du genou, pour éviter la douleur post-opératoire.

PREPARER VOTRE HOSPITALISATION :

  • Un protocole de préparation vous est remis en consultation avec les consignes de dépilation de la jambe à opérer et une douche antiseptique à faire la veille et le matin de l’intervention.
  • Vous devez penser à apporter votre dossier administratif de préadmission, l’ordonnance de votre traitement médical habituel, toutes vos radiographies. 
  • Vous devez venir avec les cannes anglaises et les chaussures post-opératoires qui vous permettront de marcher après l’opération.

L’HOSPITALISATION :

  • L’intervention sera réalisée en ambulatoire (une seule journée d’hospitalisation) ou en hospitalisation courte de 3 jours.
  • En arrivant à la clinique, présentez-vous au service des admissions.
  • Vous serez ensuite accueilli(e) par l’infirmière dans l’unité de soins où vous serez hospitalisé(e). L’équipe infirmière vérifiera que votre dossier est complet. Elle vérifiera aussi votre état cutané, la dépilation de la jambe à opérer, que vous n’avez pas de fièvre ou de signes infectieux ce qui pourrait conduire à reporter votre intervention.
  • Le matin de l’intervention vous effectuez une nouvelle douche antiseptique. 
  • Vous restez à jeun avant l’intervention. Une boisson légère est parfois autorisée en fonction de votre heure de passage au bloc : ceci vous est  indiquée par l’infirmière.
  • Peu avant l’intervention, vous vous préparez avec une tenue à usage unique pour descendre au bloc opératoire. Un brancardier vient vous chercher et vous accompagne au bloc opératoire.
  • A votre arrivée au bloc, un(e) infirmier(e) vous accueille en salle de pré-anesthésie et vous pose une perfusion. L’anesthésiste vient vous voir. Une fois l’anesthésie locale réalisée, vous êtes conduit(e) en salle d’opération.
  • Lors de votre passage au bloc opératoire, on vous demandera de confirmer à plusieurs reprises votre identité et le côté à opérer : il s’agit d’une procédure obligatoire de sécurité.
  • L’intervention est réalisée avec un garrot positionné au niveau de la cheville. Sa durée est variable en fonction des gestes à réaliser (entre 40 minutes et 1 heure 30 min.). Pendant l’intervention vous êtes pris(e)en charge par le chirurgien et son aide-opératoire, l’infirmière de salle opératoire, l’anesthésiste et l’infirmier(e) anesthésiste.

APRES L’INTERVENTION :

  • Une fois l’intervention réalisée, vous êtes surveillé(e) un moment en salle de réveil pour s’assurer que tout va bien avant de remonter dans votre chambre à l’étage. 
  • Un traitement contre la douleur vous est donné par perfusion et en comprimés, associé au cathéter d’anesthésie locale. L’infirmière passe vous voir régulièrement pour adapter le traitement. 
  • Le kinésithérapeute vient vous voir dans votre chambre pour vous aider à vous lever et vous montrer les exercices à effectuer.
  • La marche est possible le jour-même en prenant appui sur le pied opéré avec votre chaussure post-opératoire. Initialement il est nécessaire de stabiliser l’appui avec deux cannes anglaises tant que le pied est encore anesthésié.
  • Avant la sortie, la secrétaire de votre chirurgien vous remet les documents de sortie :
  • Rendez-vous de consultation post-opératoire avec radiographie
  • Ordonnance pour pansement par une infirmière si nécessaire
  • Arrêt de travail
  • Ordonnance de médicaments contre la douleur
  • Bon de transport éventuel pour taxi conventionné
  • Coordonnées du chirurgien, de la secrétaire et de la clinique en cas de problème
  • Si vous êtes opéré(e) en ambulatoire l’ordonnance de médicaments antalgiques vous a été remise à l’avance lors de la consultation d’anesthésie. Sauf risque particulier, il n’est pas prescrit de traitement anticoagulant après ce type d’opération.

LE RETOUR A LA MAISON :

Vous pouvez marcher en appui complet avec vos chaussures de décharge de l’avant-pied et en vous aidant des cannes anglaises les premiers jours.

En ambulatoire, vous rentrez chez vous le jour-même de l’intervention, accompagné(e) par un de vos proches. Le cathéter d’anesthésie de la jambe reste en place pendant deux jours pour éviter les douleurs. Il est relié à une pompe permettant de réinjecter le produit anesthésiant. Une infirmière vient à votre domicile pour s’occuper du cathéter d’anesthésie et le retirer le deuxième jour.

Si vous sortez après deux jours d’hospitalisation, le cathéter est retiré avant votre sortie.

Tant que le cathéter d’anesthésie est en place, vous devez stabiliser la marche avec vos deux cannes anglaises. Vous pourrez ensuite marcher à votre domicile sans béquille dès que votre pied n’est plus douloureux.

Le pansement de l’avant-pied a été réalisé stérilement au bloc opératoire à la fin de l’intervention. Il maintient la bonne position de l’orteil. En fonction des indications de votre chirurgien, ce pansement peut être conservé sans y toucher jusqu’au rendez-vous post-opératoire ou changé par une infirmière à domicile. Le pansement ne doit pas être mouillé lors de la toilette. Le délai de cicatrisation est d’environ trois semaines.

Les jours suivants l’intervention, un hématome et un œdème sont habituels au niveau des orteils et parfois de la cheville. Vous devez contacter le chirurgien et/ou la clinique en cas de fièvre, d’anomalie sur votre cicatrice ou de douleurs trop fortes et non calmées par les médicaments.

Les médicaments antalgiques doivent être pris régulièrement les premiers jours. Il faut également éviter la marche et la station debout prolongée. Lorsque vous vous reposez, surélevez la jambe à l’horizontale. Appliquez une vessie de glace sur la cheville et l’avant-pied, trois fois par jour pendant 15 minutes. Ces consignes permettent de diminuer les douleurs et le gonflement du pied. Elles aident à la cicatrisation cutanée et à la consolidation osseuse.

Une rééducation du pied est parfois nécessaire mais débute seulement après l’ablation du pansement, au bout de trois semaines.

Une consultation de contrôle avec radiographie est programmée trois semaines après l’intervention avec votre chirurgien. Le suivi chirurgical est ensuite assuré par des consultations espacées jusqu’à votre récupération complète.